RENTRÉE SCOLAIRE : DEMANDEZ LA NOTE !
Parés pour la rentrée ! Mais à quel prix ?
Isabelle et Michel Duchanois ont cinq enfants.. Les deux aînés, 27 et 25 ans, volent à présent de leurs propres ailes. Pierre, 17 ans, attaque une terminale S au lycée des Haberges, Justine, 14 ans, fait son entrée en seconde, et Lucie, la benjamine, entre en 4ème au collège René Cassin de Noidans-les-Vesoul. Michel travaille à la Poste et Isabelle, retraitée de la même institution, s’est reconvertie en assistante maternelle pour aider « à faire bouillir la marmite ». Le couple ne remplit pas les conditions d’obtention des bourses, de justesse, et pourtant… ce couple de « français moyens » résidant à Echenoz-la-Méline sait que s’instruire à un coût ! A vos copies, calculettes autorisées.
La Presse : avez-vous déjà évalué le coût de la rentrée ?
Isabelle et Michel Duchanois : Pour les fournitures, nous dépensons approximativement 150 € par enfant, tout en étant raisonnable. Pas de marques, de gadgets inutiles. Par contre, nous autorisons un objet de marque à chacun, agenda par exemple, en petit plaisir. A cela, il faut ajouter les frais d’assurance, les cotisations diverses (foyer, associations…) et participations scolaires, soit environ 100 € par enfant.
L.P. : Trajets, cantine ?
Isabelle : Oui, ils mangent tous à la cantine, ils n’ont pas le temps matériel de revenir déjeuner. Pour Lucie, cette année, ce sera 120 € par trimestre à verser au collège. Pierre et Justine bénéficient du système coupons du lycée et il faut compter 60 € pour vingt repas.
Michel : Les trajets sont pris en charge par le conseil général. Toutefois, nous avons dû nous adapter, en raison du service de bus mal adapté. Nous avons trouvé pour les lycéens deux scooters d’occasion qui leur permettent de partir à l’heure et de rentrer beaucoup plus tôt pour faire leurs devoirs.
L.P. : Votre avis sur les aides apportées par l’Etat ?
I. et M.D. : Elles ne sont pas suffisantes et surtout pas assez élargies. L’allocation de rentrée scolaire devrait être personnalisée au niveau d’études. Un petit de cours préparatoire a peu de besoin dans un système de gratuité ; par contre, les études supérieures sont onéreuses et souvent dénuées d’aides. Notre fille aînée qui étudiait à Besançon avait un petit budget mensuel bien établi auquel elle savait devoir se tenir, sans fantaisie.
L.P. : et la gratuité scolaire, justement ?
I. et M.D. : Correcte pour les plus jeunes et impeccable au collège : livres, fournitures… Et nous notons l’amélioration au lycée depuis la totale gratuité des livres. Nous avons connu les changements d’éditions avec non reprise des anciens livres et achat presque complet du nouveau concept !
L.P. : Sentez-vous une évolution du budget rentrée ?
Isabellle, après réflexion : Oui, peut-être depuis le passage à l’euro…
L.P. : Vos enfants pratiquent-ils des activités extrascolaires ?
I. et M.D. : Oui, c’est bien qu’ils s’ouvrent aussi à autre chose, ça les aide à se poser et à évoluer. Pierre fait du tennis, Justine du hand-ball et Lucie hésite cette année entre badminton et vélo. Comptez globalement 400 € d’inscriptions annuelles, hors équipement. Mais ils renoncent aux voyages scolaires et nous ne partons pas en vacances, imaginez une location pour cinq à sept personnes ! C’est bien qu’ils puissent avoir un loisir toute l’année.
Tess est responsable de traitement des déchets chimiques dans l’Ain
et Tony mécanicien de l’aviation militaire à Evreux.
L.P. : Vos enfants ont-ils la notion de ces coûts ?
I. et M.D. : Il sont conscients du coût de la vie et participent. Pierre a travaillé à la mairie cet été pour se payer la conduite accompagnée. Eh oui, pas un luxe : vous trouvez plus vite un emploi si vous êtes mobile ! Tess a toujours eu un job d’étudiant et Justine fait du baby sitting.
Isabelle : Nous essayons de marquer le coup autrement : pour la réussite de son brevet, nous avons offert à Pierre la paire de baskets de son choix. C’était aussi un plaisir utile.
L.P. : Et comment se passe une rentrée chez les Duchanois ?
I. et M.D. : Bien, nous n’avons aucun mauvais souvenir, hormis le petit pincement le jour où ils effectuent leur rentrée « ailleurs »… (regards affectueux vers les enfants) Et nous avons de la chance, ils aiment l’école !
Les jeunes : Nous aimons retrouver le rythme scolaire, les amis, les échanges. Et nous nous entraidons facilement pour les leçons.
L.P. : Et côté recette… de réussite ?
I. et M.D.: … les écouter, maintenir un dialogue. C’est important qu’ils sentent qu’il y a un cocon familial et c’est souvent le cas dans les familles nombreuses…
Et ça, ça n’a pas de prix !