« Maintenir le lien avec l’école »
Sylvie Bleuchot, coordinatrice du service d’assistance pédagogique à domicile de la Haute-Saône. Photo DR
Le Sapad 70 que vous coordonnez a fait l’acquisition du robot Beam en 2018. Pour autant, c’est la première fois qu’il est déployé dans un établissement scolaire. Comment expliquer un tel décalage ?
L’opportunité, tout simplement. Il faut que la situation de l’enfant s’y prête. Dans le cas de Gabin, il cochait toutes les cases : la priorité a été, dans un premier temps, laissée aux soins, évidemment, mais peu à peu, son état a permis la mise en place du dispositif. Le professeur a adhéré au dispositif, sa famille aussi s’est adaptée, a accueilli l’équipement, et était elle aussi dotée d’une connexion internet adéquate, et d’un ordinateur, pour le bon fonctionnement du logiciel. Il y a beaucoup de paramètres, et en premier lieu la durée de l’absence de l’enfant. On ne peut pas déployer le robot de télé présence sur des absences de courte durée. Et puis, entre 2018 et aujourd’hui, le maillage de la fibre sur le département a aussi beaucoup évolué.
Ce robot de téléprésence est-il l’avenir pour les enfants empêchés d’aller à l’école ?
Non. Le robot n’est pas là pour remplacer le professeur, surtout pas. Les enfants empêchés d’aller à l’école pour des raisons de santé ne sont pas en rupture scolaire. Des enseignants interviennent au domicile des enfants pendant cette période d’absence, même si en la matière, la covid a pas mal bousculé les choses. Des enseignants spécialisés exercent également en milieu hospitalier, pour les enfants hospitalisés, parfois en lien avec les professeurs habituels de ces derniers. Dans le cas de Gabin par exemple, une enseignante intervient régulièrement à ses côtés à Minjoz. Son professeur, à Echenoz, transmet aussi à la famille chaque jour ce qui est fait à l’école. Encore une fois, le robot est un formidable outil dans certaines situations. Il ne pourra pas être déployé à chaque fois, et l’objectif recherché, c’est avant tout de maintenir le lien avec son école : retrouver sa classe, ses camarades, son professeur. Et ces séances en immersion avec le robot ne durent pas sur la journée, c’est de l’ordre d’une heure, ou d’une matinée.
Néanmoins, vous plaidez pour un déploiement plus massif de ces robots de téléprésence…
Bien sûr, parce que cela aide les enfants. Mais c’est un matériel qui a un coût, et très clairement, les Sapad ne peuvent pas financer ces dispositifs. Si l’exemple de Gabin pouvait contribuer au déploiement d’un plan national de la part du gouvernement, ce serait un grand pas…
Est Républicain 17/06/21