Réunion publique au sujet des migrants
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Qui sont-ils ? Que font-ils de leur journée ? Quels sont leurs besoins ? Peut-on en accueillir à la maison à Noël ? Ce n’est qu’un échantillon des questions qu’ont posées mardi soir des Mélinois aux responsables associatifs en charge de l’accueil, depuis une quinzaine de jours au village, de migrants en provenance de Calais (lire nos éditions du 4, 7, 8, 11 et 13 novembre).
Aux côtés du maire d’Échenoz-la-Méline, Serge Vieille, et de son 2e adjoint chargé de la tranquillité publique, Jean-Michel Adrey, le président de l’Association haut-saônoise de réinsertion et d’accompagnement, Sébastien Leduc, et le coordinateur des services de l’Ahsra, Jean-Luc Morand, ont apporté un éclairage concret, sans tabou, et visiblement attendu. Une trentaine de personnes ont pris part à cette réunion dans la Maison commune d’Echenoz, tout près de Vesoul.
Vingt-deux migrants sont actuellement logés dans un bâtiment d’Habitat 70. Ils étaient même 23 il y a peu quand « un est parti sur Paris » en pensant que la procédure de demande d’asile irait plus vite qu’ici. Les migrants disposent d’un document de circulation provisoire délivré par la préfecture. « On va essayer de ne pas monter au-delà de 22 », précise M. Morand, tandis que le projet de départ prévoyait l’accueil de 36 personnes (dont 10 à Navenne).
« Déjà beaucoup de bonnes volontés se sont manifestées », se réjouit le coordinateur de l’Ahsra, en rappelant que « certains sont descendus du car en chaussettes ». Go sport a fourni à chacun une paire de baskets. « J’ai récupéré des chemises, ils sont fin heureux », témoigne encore le travailleur social, citant l’appui de Frip’Lav et du Secours catholique. Saluée aussi l’aide d’Emmaüs et de la Maison du Combattant, à Vesoul pour équiper les locaux en chaises et en tables.
Ces hommes en provenance du Soudan, d’Érythrée, d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie n’ont pas d’aide financière pour le moment, mais « quelques-uns possèdent un peu d’argent ». Beaucoup ont un téléphone portable et certains ont tenté de capter du wifi en se rapprochant d’un bloc d’habitation. L’Ahsra a fait la démarche pour que leur lieu d’accueil soit équipé d’une Box.
Les dons sont les bienvenus mais il est préférable de passer par le 115 au préalable. L’aide, le soutien peuvent être apportés aussi sur place, le bâtiment n’est pas fermé. Le besoin en « sous-vêtements et chaussettes » est important. Parmi les soucis évoqués, « quelques petits problèmes d’alcool », dixit M.Morand, « l’alcool les aide à supporter ce qu’ils ont subi jusqu’à Calais, mais ça a été recadré ». Quant à la nourriture, « ils se sont mis récemment au porc et il n’y a pas de demandes particulières (liées à leur confession) ». La langue aussi pose problème. « Ils sont très demandeurs d’apprendre le français et ont envie de donner aussi », précise le maire. Question santé, ils subiront un « test tuberculose le 24 novembre ». Trois d’entre-eux sont allés mardi au premier jour d’ouverture de la permanence de soins de santé à l’hôpital de Vesoul. Ils pratiquent du sport sur le terrain du Montmarin et « ont reçu un accueil super-encourageant des footballeurs du quartier ». Certains ont déjà fréquenté la mosquée aussi. Pensant (à tort) qu’une équipe de foot entière d’Érythrée faisait partie des migrants d’Echenoz, « trois clubs haut-saônois ont proposé d’en intégrer dans leurs équipes ». Ils jouent aussi sur le plateau sports des écoliers quand ceux-ci ne l’occupent pas. Une institutrice a immortalisé d’une photo leur rencontre.
Philippe BROUILLARD
Est Républicain du 19/11/2015