Migrants : un autre cri du cœur
L’histoire de Mamadou Gassama les a touchés, forcément. Comme beaucoup de monde, ils ont admiré le geste de ce jeune Malien sans-papiers qui a sauvé un bébé en escaladant quatre étages de la façade d’un immeuble parisien, samedi dernier. Mais pour Matthieu et Noury (1), cet exploit a une résonance particulière.
Les deux hommes sont amis depuis l’hiver dernier. Ils se sont rencontrés au club de basket de Vesoul. Comme Noury n’a pas de moyen de transport, Matthieu Perrot lui a proposé de le ramener après les entraînements à Echenoz-la-Méline, où le jeune Soudanais réside. « On a bien discuté, on a sympathisé », raconte l’entrepreneur de Noidans-lès-Vesoul. « Noury est venu manger à la maison, on a regardé des matches de foot ensemble. » Balades au lac de Vaivre, parties de cartes endiablées… Noury est devenu un proche de la famille.
Un vrai bol d’air pour ce grand gaillard de 26 ans, qui a fui son pays en proie à la guerre civile il y a quatre ans. Décidé à rejoindre l’Europe afin d’échapper aux massacres qui ensanglantent le Darfour, il a dû en passer par l’enfer de la Lybie. Son récit de la traversée de la Méditerranée, sur une embarcation de fortune qui a coulé, fait froid dans le dos. Après l’Italie, il fallait encore franchir les Alpes pour rejoindre Paris, d’où Noury a été conduit à l’automne dernier au Centre d’accueil et d’orientation (CAO) d’Échenoz-la-Méline, près de Vesoul.
Désormais, c’est ici que Noury aimerait faire sa vie : l’accueil qu’il a reçu en Haute-Saône l’a touché. Il voudrait avant tout pouvoir chercher un travail, car il n’aime pas rester sans rien faire. « Le problème, c’est qu’il tombe sous le coup de la loi Dublin », regrette Matthieu Perrot. « Pour l’instant, il ne peut pas faire sa demande d’asile en France et il risque d’être expulsé à tout moment vers l’Italie. »
Une perspective qui s’est évaporée subitement lundi dernier pour Mamadou Gassama, à qui Emmanuel Macron a promis la naturalisation. « Tant mieux, il le mérite largement », commente Matthieu Perrot. « Mais à mes yeux, Noury et ses amis du CAO ont les mêmes qualités que Mamadou : pour vivre ce qu’ils ont vécu, il faut être très courageux. Ne pas pouvoir au moins faire la demande d’asile ici, c’est une injustice. »
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EST REPUBLICAIN DU 31/05/2018