Doit-on démolir la mairie ?
L'architecte François Quirot présente sa maquette.
« A-t-on besoin d'un nouvel hôtel de ville à Échenoz ? », s'interroge un retraité mélinois, Jean-Marc Baudot, qui a fait connaître sa position : « Ma réponse est non. L'actuel bâtiment ne présente aucun signe le destinant à être rasé. Il fait également partie de notre patrimoine local. »
Si l'ancien adjoint d'Echenoz (1989-1995) indique que son « document n'engage que (sa) responsabilité », M. Baudot précise : « À défaut d'opposition au sein du conseil municipal, il serait opportun de consulter la population par voie référendaire ».
Le maire Yves Martin n'estime pas opportun de débattre publiquement avec un Mélinois déclarant agir seul. D'ailleurs, le débat est largement lancé à Échenoz-la-Méline.
Pour ce qui est de la première question, les réponses techniques vont toutes dans le sens de travaux importants à engager. L'actuelle mairie est un bâtiment de plus d'un siècle qui ne pourra plus rester inaccessible aux personnes à mobilité réduite. Si quelques fenêtres ont des doubles vitrages, les murs et les combles ne sont pas isolés. Les bureaux ne sont pas adaptés aux services administratifs et techniques (cinq personnes à temps plein, en plus des huit agents en atelier) ni au service périscolaire qui accueille les enfants le matin, le midi et le soir ainsi que pendant les vacances scolaires. La mairie manque de surface, le personnel a « besoin d'ergonomie ».
Que faut-il faire ? À la mairie, ses 22 collègues rejoignent le maire, dont on sait qu'il travaille à la direction départementale des territoires (ex-DDE). Les personnels municipaux optent aussi dans le même sens.
Les 17 associations du village ont été consultées, dont le Foyer d'animation et de loisirs (FAL), l'école privée « Musique plaisir » et le groupe Aim'rock. Ces associations ont besoin de se réunir, en plus de leurs salles.
Dans cette concertation, le « conseil des sages » a été appelé, comme chaque semestre, à donner son avis.
Les services de l'État ont été associés à la réflexion et à la mise en œuvre du projet : l'architecte conseil et le paysagiste conseil qui travaillent avec la préfecture, le Conseil d'architecture, de l'urbanisme et de l'environnement (CAUE) et la Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques (MIQCP).
Toutes les formules semblent avoir été étudiées : faut-il rénover ou raser la mairie ? Même chose pour l'ancien presbytère. Quel sera le coût de construction et « le coût différé », celui du fonctionnement de locaux aux normes ?
Alors, faut-il ajouter une consultation référendaire ? Lors de la campagne de 2008, l'équipe Martin avait annoncé son intention de « restructurer » les services municipaux : consultation directe.
Le maire et ses adjoints ont tenu à associer tout ce qui anime Échenoz. Puis ce fut la réunion publique de décembre dernier, rassemblant en une salle comble près de 100 Mélinois en mairie. Quelques questions fusèrent, c'est heureux. Le parti pris de raser l'actuelle mairie fut présenté comme la solution « pour les 50 ans qui viennent ».
Il s'agit d'un projet d'urbanisme sur le centre historique, géographique, socioprofessionnel. Or la mairie actuelle est perpendiculaire aux courbes de niveau, ce qui va à l'encontre des recommandations paysagères.
M. Baudot le reconnaît lui-même, « il convient de refaire la toiture de cet édifice ». Or les planchers actuels ne supportent que 150 kg au m2 quand les normes exigent 400 kg/m2.
Puisqu'il faudrait raser deux murs sur quatre, pour permettre l'extension à l'arrière, autant, pour le même prix, raser tout et construire du neuf. Cela permettrait de regrouper sous le même toit les services administratifs et périscolaires, près de l'école maternelle. Le presbytère retrouverait sa vocation initiale d'habitat : trois logements communaux, avec rez-de-chaussée accessible à tous.
Présenté naguère par l'architecte pesmois François Quirot, cela devrait coûter « 2,5 M€ ». Une somme énorme ? Il n'y aurait « aucune augmentation de la fiscalité » car le projet se veut à la fois « haute qualité environnementale » (HQE) et « bâtiment basse consommation » (BBC), ce qui le rend « éligible aux subventions existant dans le cadre du Grenelle de l'environnement » (économies d'énergie, développement durable...)
Mieux que du « rafistolage », on ferait du neuf. La mairie se montre prête à continuer à éclairer les Mélinois qui le désirent. Dans ces conditions de partenariat élargi et de « gouvernance nouvelle » et pour un dossier très technique, qu'apporterait de plus une consultation référendaire ? Cela dit, toute contribution peut toujours être adressée en mairie (avec double à notre agence vésulienne...)
André MOISSÉ amoisse@estrepublicain.fr