Les moulins à eau, un patrimoine toujours vivant sur le secteur
En période de fortes précipitations puis de crues, le propriétaire du moulin Baguin surveille le niveau de la rivière pour ouvrir les vannes qui limiteront la montée des eaux.
C’est un cas unique dans le département : le territoire d’Echenoz-la-Méline compte 14 moulins réglementés par un seul arrêté ministériel toujours valable, datant de 1848. Ou plus exactement 13 moulins, car celui de la Vaize a été déconstruit pour limiter les inondations. Cet arrêté récapitule les droits et devoirs des propriétaires des moulins et huileries sur la Méline avec une réglementation stricte concernant les déversoirs, les vannes, les dimensions et la superficie.
Échenoz-la-Méline possédait plusieurs moulins établis en cascade sur la Méline et le ruisseau du Diable, son affluent, dont les cours ont été artificialisés et canalisés pour créer une succession de chutes exploitées. Mais les conflits entre usiniers ont conduit l’administration à réglementer l’ensemble des moulins, sauf ceux situés le plus en amont dans un seul règlement d’eau, par arrêté ministériel du 24 avril 1848.
Environ 3 000 droits d’eau sur le département
Un acte administratif qui régit encore le moulin Baguin. Un ouvrage datant de 1661 (date inscrite sur la plaque de la cheminée) qui possédait au moment de la réglementation, deux roues : « Une grande actionnant une meule et une petite pour l’étiage, actionnant une ribe aujourd’hui disparue », précise son propriétaire.
En période de fortes précipitations puis de crues, il surveille le niveau de la rivière pour ouvrir les vannes qui limiteront la montée des eaux. « Le niveau légal, c’est-à-dire le niveau d’eau haut du bief défini par le droit d’eau, correspond au niveau du dessous de la roue du moulin Brelat situé à l’amont. De même, le moulin situé à l’aval du mien a son niveau légal calé sur le dessous de ma roue. Pour dire que tout est lié » note le Mélinois.
Le département compte plus de 3 000 km de rivières et autant de droits d’eau (environ 3 000) dont un tiers concerne les patouillets (ateliers pour le débourbage du minerai de fer) et lavoirs à minerai qui étaient utilisés du temps où la Haute-Saône était un département sidérurgique, avant qu’elle ne se tourne vers la culture de la pomme de terre. Beaucoup de moulins ont alors été transformés en féculeries et les lavoirs ont été adaptés en piscicultures de loisirs.
Energie verte
Peu de moulins sont équipés d'une turbine pour produire de l'électricité puis la revendre aux distributeurs. Mais couplé à des panneaux solaires en été, la production d'électricité hydraulique peut atteindre une centaine de kilowattheures journaliers pour une petite installation. Et quand on connaît le prix de l'électricité aujourd'hui…
Est Républicain 30/08/24