Anaïs Robin, triathlète : « Je n'ai jamais autant souffert »
À l'heure où la municipalité commence à travailler sur les cérémonies de la nouvelle année et notamment celle de mise à l'honneur des citoyens mélinois, Anaïs Robin, vainqueur de l'lronman de Vichy en août dernier, aura toute sa place lors de cette célébration.
La Presse : Pouvez-vous nous rappeler ce qu'est un Iron-man ?
Anaïs Robin:« C'est un triathlon mais en version XXL, c'est-à-dire de grandes distances soit 3 800 m de natation, 180 km de vélo en contre-la-montre et un marathon à pied donc 42 km. J'ai fait le tout en 11h et 20 minutes et 2 secondes, sans arrêt. »
L. P.: Comment s'est passée cette course ?
A. R.: « C'est une victoire, donc bien, pourrait-on dire mais en vérité, je n'ai jamais autant souffert à tel point que j'ai pensé abandonner alors même que j'étais en tête. C'était mon troisième Ironman mais le plus difficile avec des problèmes de nutrition qui ont compliqué la course et la canicule, vigilance rouge, qui était au rendez-vous. Les 2 800 m de dénivelé à vélo ont été une vraie épreuve et les 'abandons très nombreux. La course à pied a été terriblement difficile. C'est le mental qui fait tout, il faut se mettre en mode robot, et bien sûr, la famille est essentielle dans ces moments-là. Cependant, malgré tout cela, je reste sur ma faim car j'ai fait des temps bien meilleurs aux Ironman précédents, 10h45 pour ma meilleure performance soit 35 min de mieux qu'à Vichy. »
L. P.: Comment arrive-t-on à un tel niveau de performance qui semble sur humain pour le commun des mortels ?
A. R. : « Il faut savoir que sûr cet lronman de Vichy, il n'y avait pas de professionnels de la discipline, donc la concurrence était moins rude. La préparation physique est essentielle comme vous vous en doutez mais lorsque nous sommes dans le dur, l'aspect psychologique est essentiel également. Je pratique le triathlon depuis 15 ans, depuis mes 22 ans et j'ai commencé la longue distance depuis 2017 à l'Ironman de Nice. L'entraînement est de dix heures par semaine en moyenne et quinze heures avant les compétitions. »
L. P. : Est-ce qu'un tel niveau de performance et d'entrainement est compatible avec une vie de famille ou une vie professionnelle ?
A. R. : « Oui puisque j'ai deux enfants (Ndlr : Sacha 8 ans et Arthur 21 mois) mais il faut être très bien entouré par la famille comme je le suis avec mon conjoint, Guillaume Tisserand, pompier professionnel mais sportif de haut niveau également dans la même discipline. Et bien sûr, il y a mes parents, mes beaux-parents et surtout ma sœur jumelle que je remercie et sans qui, tout cela ne pourrait pas se faire en termes d'organisation. Pour ma part, je suis maître nageuse à la piscine de Vesoul et les horaires me permettent de concilier le tout avec les entraînements. Les sponsors ne se trouvent pas forcément en fonction des résultats malheureusement mais plutôt en fonction de son activité sur les réseaux sociaux et le nombre de followers, or ce n'est pas trop mon truc les réseaux sociaux. »
L. P. : Avez-vous des sponsors pour vous aider sur le volet financier?
A. R. : « C'est un point important c'est vrai, comme lorsque j'ai participé aux championnats du monde d'lronman en 2017 à Hawaï, mais non, je n'ai pas de sponsor personnel. En revanche, mon club de triathlon le Rougeot Beaune triathlon, est là pour nous soutenir. »
L. P. : Quels sont les objectifs pour 2024 ?
A· R. : « Il faut d'abord que j'améliore mon entraînement pour passer un cap et notamment la partie alimentation qui est capitale dans ces courses longue distance. Je vais donc essayer de faire une préparation avec un nutritionniste. Pour les courses, il faut voir ça avec mon club de triathlon de Beaune. C'est un sport individuel mais le choix des courses se fait en collectif pour faciliter les déplacements et à plusieurs, l'ambiance est bien meilleure. En tout cas, oui j'aimerais bien recommencer une épreuve Ironman pour 2024».
INTERVIEW: XAVIER PICAUD·BERNET (CLP)
La Presse de Vesoul du 02/11/23