« Le plus impressionnant est la perte de la notion du temps avec l'absence de bruit »
C'était un engagement de Catherine Dionisio, la Conservatrice de la réserve naturelle régionale de cavités à chiroptères dont fait partie la grotte de la Baume d'Échenoz-la-Méline, auprès des élus de la commission environnement de la municipalité présidée par Jean-Michel Adrey. L'objectif était de mieux prendre conscience de la richesse de ce patrimoine naturel et donc de mieux comprendre sa gestion assurée par la CPEPESC de Franche-Comté basée à Besançon (Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche-Comté), suite à la signature d'une convention avec la Région Bourgogne-Franche-Comté. Et par conséquent de mieux faire respecter les contraintes liées à un site protégé.
La dernière visite de la conservatrice date du printemps dernier. « C'était pour le comptage des chauves-souris mais là, je préférais m'y rendre seule pour déranger le moins possible les chiroptères. À cette époque de l'année, en juillet, peu de chauves-souris sont présentes dans la cavité, une dizaine, voire moins. C'est le moment idéal », explique-t-elle.
A cette invitation, seul René Rognon a répondu présent. Non pas que les autres membres de la commission étaient désintéressés, mais le site étant également classé en Arrêté de protection de Biotope (APPB), seules deux personnes seulement pouvaient accompagner la conservatrice de la réserve. A cela, il fallait ajouter une difficulté technique, celle d'escalader la grille de quatre mètres de hauteur qui rend presque impossible l'entrée dans cette grotte, classée depuis 2015 et placée sous vidéo- surveillance. « En tout, nous sommes restés plus de deux heures dans la cavité pour progresser plus d'une centaine de mètres et nous en avons profité pour faire une collecte d'eau d'égouttement pour l'Université de Bâle qui fait un travail de mesure des valeurs isotopiques sur les eaux d'écoulement», précise Catherine Dionisio.
L'expérience a été enrichissante pour l'élu. « Je m'étais déjà rendu à la grotte de Solborde avec des spéléologues, mais jamais dans celle de la Baume. Le plus impressionnant est la perte de la notion du temps avec l'absence totale de bruit, c'est un peu déroutant. Malheureusement, les traces de passage par d'autres personnes sont flagrantes avec de la terre retournée à plusieurs endroits. Si certains mots sur la paroi, inscrits avec une pointe, peuvent être émouvants car j'ai relevé la date de 1802, c'est tout de même très préjudiciable cette dégradation. Peut-être faudrait-il que la municipalité porte une réflexion pour mieux protéger ce patrimoine naturel en lien avec la Région ou la CPEPESC pour éviter les intrusions », témoigne René Rognon.
Une cavité importante à plus d'un titre, puisqu'elle regroupe treize espèces différentes de chiroptères dont la minioptère de Schreibers, une espèce fragile puisqu'elle ne vit que dans les grottes et se déplace d'une cavité à l'autre.
Cette grotte de la Baume est une grotte de transit. L'espèce est très suivie car menacée d'extinction : sa population est passée de 30 000 individus en Franche-Comté avant 2000, à moins de 5 000 aujourd'hui. Le soir même, en mairie, la conservatrice avait invité tous les acteurs locaux (élus, associations, établissements publics ... ) des sept réserves régionales de Franche-Comté qui font partie du réseau de cavités à chiroptères, pour une présentation du diagnostic d'ancrage territorial, c'est-à-dire une enquête auprès des populations pour mieux comprendre comment ces RNR sont perçues.
Des animations dans la communication et les animations de ces réserves naturelles régionales sont les deux points qui ressortent de cette enquête. Ils seront sans doute pris en compte pour l'élaboration du nouveau plan de gestion 2024- 2030.
Concernant la RNR de la grotte de la Baume, elle s'étend sur 17 hectares. Suite à un arrêté du Conseil régional, tout véhicule à moteur est strictement interdit et les chiens doivent être tenus en laisse sous risque de sanction selon de Code de l'environnement. Voilà, les choses sont dites, nous aurons apporté notre pierre à l'amélioration de la communication.
XAVIER PICAUD-BERNET (CLP)
Pour plus d'informations : https://cpepesc.org/ ou CPEPESC de Franche-Comté, 3 rue Beauregard. 25000 Besançon, 03 818866 71. Adresse mail : contact@cpepesc.org
La Presse de Vesoul du 20/07/23