« Les ainés, c'est un public avec lequel il faut prendre le temps »

Publié le par mairie d'Echenoz-la-Méline

Christelle Ecrement a su garder le contact tout l'été avec les aînés de la commune

Christelle Ecrement a su garder le contact tout l'été avec les aînés de la commune

La Presse : Pouvez-vous nous donner plus d'informations sur le public que vous suivez ?

Christelle Ecrement : « Sur la commune de 3318 habitants, je suis en relation de près ou de loin, selon les cas, avec toutes les personnes de plus de 75 ans, soit 282 personnes. La plus âgée a 102 ans. » 

L. P. : Quels sont vos moyens pour remplir votre tâche ?

C.E. : « J'ai à disposition plusieurs outils : je dispose d'un bureau en mairie, j'ai accès au téléphone ou à l'outil informatique, je travaille en très bonne relation avec les agents munici­paux et je dispose des données administratives concernant le public que je dois suivre. Pour me déplacer, je peux prendre la voiture électrique de la mairie. Avec le temps, j'ai pu me constituer des classeurs pour répertorier les personnes selon les besoins. Il faut dire que j'ai commencé en février 2019, alors depuis ... Le maire me donne une vraie liberté d'initiative, il y a un lien de confiance. »

L. P. : C'est-à-dire ? Vous ne suivez pas toutes les personnes de la même manière ?

C. E. : « Non, bien sûr que non. Au départ, je donne une fiche de renseignements à la personne afin de savoir si elle vit seule ou pas, si elle a une aide à domicile, si elle a des enfants à proximité ou pas, tout en sachant que de la famille à proximité ne veut pas dire forcément que la personne âgée peut compter dessus malheureusement ! Le but est de savoir qui est vraiment isolé et qui ne l'est pas. Je constate qu'entre 75 et 80 ans, les personnes sont bien souvent autonomes, je maintiens donc seulement un contact téléphonique. »

L. P. : Et après 80 ans alors ? Que faites-vous ?

C. E. : « Là, je suis plus présente, je me déplace chez eux surtout si j'ai vu au préalable que ça n'al­lait pas. Les personnes ont besoin de discuter. Vous savez, ils ont mon portable et n'hésitent pas à téléphoner, même le week­end. Parfois, ils me demandent 'de contacter quelqu'un pour un nid de guêpes, trouver une aide à domicile, une aide au jardinage, des papiers administratifs ... Parfois, je vais voir une personne sur la demande d'un enfant qui est loin pour un coup de blues ou un téléphone mal raccroché. »

L. P. : Tout cela a l'air très chronophage ?

C. E. : « Oui, c'est vrai, mais je travaille avec de l'humain, il faut prendre le temps et puis au fil du temps, on développe une vraie relation avec ces personnes. »

L. P. : Nous venons de traverser un été exceptionnel avec plusieurs canicules, comment les personnes âgées ont vécu cela ?

C. E. : « Les choses se sont très bien passées au niveau de la santé physique, nous n'avons pas constaté de surmortalité. Mais en revanche, cela a renforcé l'isolement des personnes, c'est là que ça a été dur. Après plusieurs étés similaires, les gens ont désormais les bons gestes, boire régulièrement, aérer le matin, fermer les volets en journée ... ils sont prudents. Je me suis beaucoup déplacée, surtout pour les plus de 90 ans, afin de voir si ces personnes bu­vaient bien pour éviter le principal risque, la déshydratation. De mon côté, j'ai constaté surtout deux choses, la fatigue qui s'accumule et l'isolement des per­sonnes. Imaginez-vous, pas de promenade, à la maison toute la journée, dans la pénombre ... ce n'est pas facile pour certains. En plus, la Covid était déjà passée par là ! Si elle circule moins qu'avant, elle est encore dans toutes les têtes et les personnes âgées s'obligent à rester prudentes et donc distantes. J'ai aussi été là pour prendre les rendez-vous pour les vaccins, sur leur demande bien sûr. À leurs âges sur internet, vous imaginez ? »

L. P. : Selon vous, quelles sont les qualités qu'il faut avoir pour votre fonction ?

C. E. : « Il faut savoir écouter, dialoguer, mais attention, tout en restant discret. La tolérance est aussi essentielle et enfin l'or­ganisation. Ce sont des compé­tences que j'ai déjà développées dans une autre vie, en tant que responsable d'une boutique » Jacadi « à Dijon ou en tant qu'aide à domicile. »

L. P. : Vous qui avez une bonne expertise de ce public dit fragile, qu'est-ce qui vous inquiète le plus à l'avenir ?

C. E. : « Sans hésiter, l'isolement ! La Covid, les canicules et désormais avec la hausse des coûts de l'énergie, je sais que certains auront du mal à se chauffer. Parfois ces personnes sont seules et même si les enfants sont à proximité, souvent ils n'ont pas le temps, les gens vivent à cent à l'heure, alors les anciens ... C'est pour cela qu'il faut recréer des moments de convivialité. Cette année, la municipalité souhaite remettre le repas de Noël des aînés à la salle paroissiale Saint Martin, c'est une très bonne nouvelle. »

INTERVIEW RÉALISÉE PAR XAVIER PICAUD-BERNET (CLP)

La Presse de Vesoul 15/09/22

Publié dans Actualités

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