Le photographe Marc Paygnard « souffre de ne pas partir à l’aventure »
Marc Paygnard : « Il n’y a rien de plus jouissif que quand tu sens que tu as réussi une bonne photo. Celle qui, 10 ans plus tard, va encore t’émouvoir. » Photo ER /Bruno GRANDJEAN
« Il n’y a rien de plus jouissif que quand tu sens que tu as réussi une bonne photo », résume Marc Paygnard. Des images, l’ancien photographe de L’Est Républicain - « 25 ans de bons souvenirs, mais aussi de galères »- en a réalisé des dizaines de milliers dans une soixantaine de pays, en particulier en Afrique. « J’en suis à mon 7e tour du monde », revendique l’artiste. C’est dire combien la crise sanitaire et ses contraintes le touchent, lui, le voyageur à la conquête de lointaines contrées mais aussi de petites perles locales. « Je souffre de ne pas partir à l’aventure, de ne pas pouvoir m’arrêter avec Guilène dans un bistrot ou un petit resto à midi », regrette-t-il : « Je suis ébahi par ces moments où on a l’impression de ne plus avoir de liberté. Le cœur n’est pas comme avant, il y a une sorte de cafard, de peur qui freine l’enthousiasme et les projets. Heureusement, avec la photo, je ne m’ennuie jamais. Je continue d’être passionné comme je l’ai toujours été dans le cadre de mon métier, même si je vais beaucoup moins vite qu’à 30 ans ! »
Terres d’inspiration
À 75 ans, il partage sa vie avec Guilène, son épouse, dans sa maison d’Échenoz-la-Méline, près de Vesoul, où il est arrivé en 1973. Dans son havre de paix, il cumule les projets, notamment dans l’édition. Outre des petits albums photos personnels, « pour s’amuser et pour offrir », il travaille (textes et images) sur deux livres consacrés à Besançon et Dijon, pour une collection sur les villes aux éditions Noires Terres.
En 2022 devrait paraître « 365 jours en Franche-Comté », en collaboration avec Jean-Louis Clade, historien et écrivain. Trois ouvrages supplémentaires - il en a plus d’une quarantaine à son actif- destinés à mettre en valeur la région d’adoption de cet humaniste originaire de Lorraine passé par l’agence Rapho, rue d’Alger à Paris, où il a côtoyé de grands photographes comme Robert Doisneau.
Son univers artistique dépasse largement le cadre de son Nikon ou de ses petits Fuji, « beaucoup plus légers ». Marc Paygnard écrit, dessine, « adore la musique. Mon rêve d’enfant, ce n’était pas d’être photographe, mais chef d’orchestre », sourit ce grand spécialiste de la… guimbarde : « C’est plus facile à transporter qu’un piano ! »
Les sculptures masquées
L’homme est chaleureux, facétieux : « Il y a trop de gens qui se prennent au sérieux. » En lien avec le confinement, il a eu l’idée de photographier les sculptures… masquées. À Vesoul, Édouard Belin, Jean-Léon Gérôme ou encore « l’avocat allant plaider », devant le tribunal historique, sont à son tableau de chasse.
Est Républicain 20/02/21