À travers ce papillon, on protège aussi son habitat
Frédéric Mora, directeur scientifique de l’observatoire régional des invertébrés
Pouvez-vous nous présenter l’azuré du serpolet ?
C’est une espèce de papillon liée aux pelouses sèches, qui apprécie les parcours pâturés par les moutons ou les vaches. Il aime les milieux chauds et secs. En Franche-Comté, on le trouve surtout dans le Haut-Jura vers Saint-Claude et autour de Vesoul, où on recense de très beaux noyaux de population.
Est-il menacé de disparition ?
Il est inscrit dans les catégories les plus élevées de la liste rouge des espèces menacées, car il a besoin de trois choses pour se développer.
Son habitat, les pelouses sèches, a tendance à se refermer quand l’élevage est abandonné ou à être trop rouvert pour être valorisé. Comme les stations d’azurés sont de plus en plus isolées, il y a moins d’échanges et de brassage génétique.
Il lui faut aussi un type précis de plante : du thym serpolet ou de l’origan, dont les chenilles s’alimentent. Troisième chose, des fourmis rouges du genre « myrmica » doivent être présentes.
Pourquoi des fourmis ?
À un certain stade, la chenille de l’azuré du serpolet quitte la plante dont elle se nourrit et se laisse tomber au sol. Elle attire les fourmis qui la transportent dans leur fourmilière, où la chenille poursuit son développement en adoptant un régime carnivore : elle se nourrit du couvain des fourmis. Quand elle a assez mangé, ça donne la chrysalide. Elle se transforme l’année suivante, voire au bout de deux ou trois ans. Le papillon peut alors sortir de la fourmilière, en se dépêchant car les fourmis comprennent qu’elles ont été bernées.
À quel moment peut-on l’observer ?
Il vole plutôt vers fin juin ou début juillet. Il a des capacités de déplacement importantes, car il peut faire 5 à 6 km à partir de son lieu de naissance, contre 400 à 800 mètres pour d’autres espèces. Sachant que la vie du papillon adulte est très courte : entre 15 et 20 jours.
Combien existe-t-il d’espèces de papillons en France ?
Entre 5 500 et 6 000 en métropole, dont une grande majorité de papillons de nuit et 250 papillons de jour.
Quel intérêt y a-t-il à protéger l’azuré du serpolet en particulier ?
C’est une espèce « parapluie » : à travers lui, on protège aussi son habitat, avec les animaux et les plantes qui gravitent autour. Ce sont des milieux riches : un bon fonctionnement de ces écosystèmes est important pour nos ressources, par exemple en eau.
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EST REPUBLICAIN DU 04/06/2018